Ruines Romaines de Djemila

Djemila setif

Djemila fait partie du PATRIMOINE UNIVERSEL (Unesco) depuis 1982. LA région abritait une ville romaine de près de 10.000 habitants. Située sur les hautes plaines de Sétif, entre l'Atlas littoral et l'Aures, la région servait d'oliveraie et de grenier à blé aux Romains.

Construite en 98, Cuicul, aujourd'hui Djémila s'agrandit au 3ème siècle , sous le règne de l'Empereur Caracalla. Au 4ème siècle, la cité se dota d'une Basilique Chrétienne.

La pénétration Romaine du Site s'est faite sans doute par le Nord, dans les dernières années du 1er siècle sous l'empereur NERVA, ce n'est que plus tard (2ème siècle Ap J-C) que les hautes plaines Sétifiennes furent occupées. Toutes les conditions sur lesquelles se basent la fondation d'une ville étaient réunies: abondance de l'eau, présence d'une carrière pour l'extraction de la pierre, arrière pays fertile, lieu stratégique etc ...

Le site actuel est situé en bordure d'une zone préhistorique, le site de AIN LAHNECHE ayant livré l'une des plus anciennes civilisations léthique (industrie humaine des sphéroides à facettes dès l'aube du quaternaire, il y a environ un million d'années. Après avoir été une simple garnison militaire, la ville ancienne habitée par des vétérans des légions, était cosmopolite dès le début, car les inscriptions trouvées lors des fouilles éxécutées entre 1910 et 1957 révèlent des origines diverses (de Rome, d'Hippone, de Cirta, de Carthage et même des environs de Danube).

La cité prémitive était ordonnée de part et d'autre d'un cardo principal qui faisait fonction d'axe et autour d'un forum central, véritable centre de la vie politique encombrée de piédestaux honorifiques sur lesquels s'élèvaient les effigies des divinités, des empereurs et de personnages importants de la province. Le Forum était entouré d'édiffices publics tels que : la curée où se réunissait le conseil municipal (assemblée des Décurions). Le Capitole, temple à triple sanctuaire où l'on adorait comme au Capitole de Rome, Jupiter, Junon et Minerve. Un autre temple dédié à la terre mère Tellius Genetrix ou à Venus Genetrix, Une basilique judiciaire où l'on traitait les affaires et où l'on jugeait les procès, Un marché enfin avec sa cour à colonnades, son pavillon héxagonal et ses 18 boutiques, formées par des tables de pierres dont les tranches et les supports sont ornés de reliefs, Un troisième temple s'élèvait dans la partie Sud de la colonie primitive entre le forum et l'enceinte, on suppose qu'il a été consacré au Culte du Dieu protecteur: Mars (du moment que la ville était habitée par des vétérans).

En plus de tous ces édifices publics; cet ancien quartier renferme des maisons particulières très spacieuses et richement ornées de mosaiques, telles que : la maison dite d'Europe, composé de 18 pièces, la maison dite d'Amphitrite, la maison de l'Ane vaiqueur (Asinus-Nica) et la maison de Castorius composée de 27 pièces. Les habitants de Cuicul dant le nombre augmentait (10.000 à 12.000) s'offraient le luxe d'un théatre qui pouvait conenir jusqu'à 3.000 spectateurs, ce dernier a été construit à 150 mètres au delà des remparts vers l'an 160 de notre ère. 25 ans après, sous le règne de l'empereur commode, un bel établissement de thermes d'environ 2.600 m2 était édifié à 200 mètres en dehors de la porte sud sur le prolongement du grans Cardo. Ainsi, tout un faubourg méridionnal s'édifiait, et le centre d'activité urbaine tendait à se déplacer vers le Sud. Le déblaiement des terrains indiquait que l'essor architectural s'est porté de préférence des ruines représentant la dernière phase de l'antiquité, mais qui n'était pas des moindres.

La période chrétienne a laissé des monuments d'un intérêt capital : Deux églises à cryptes toutes pavées de belles mosaiques, Un riche bestiaire et des inscriptions Une petite chapelle Un baptistère en forme de ratonde accompagné de bains Un vaste ensemble de loisirs et de locaux dont une partie a du servir au logement de l'évêque et du clergé. Jusqu'à 476, une inscription indique que la ville était restée sous l'autorité romaine. Jusqu'à l'an 553 l'activité, bien que fort diminuée, continuait tant bien que mal ainsi que l'atteste certaines mosaiques au musée échappant à toute datation classique. La ville fondée sous l'empereur Nerva en 96 ou 97 près J.C au même titre que Sétifis a disparu vers le 6ème siècle dans des conditions très floues. Elle parraît avoir été systématiquement pillée puis détruite après avoir été abandonnée par ses habitants.

D'autres prétendent qu'elle a disparue ou fortement touchée par le tremblement de terre qu'a frappé la région de Sétif en 519, et d'autres enfin proposent l'hypothèse d'un incendie provoqué par les Donatistes et les tribus Berbères mentionnés dès le 3ème siècle fournissant ainsi les seules données certaines sur les populations autochtones pourtant décelables ça et là à travers les nombreux textes épigraphiques exhumés lors des fouilles qui n'ont guère rendu d'objets d'art exceptionnels, en dehors des magnifiques mosaiques paiennes ou paliochrétienne qui ont trait des légendes mythologiques et à une floraison de motifs aussi riches que variés reflétant l'ingéniosité et la parfaite assimilation de l'art classique par les artisans locaux dans le cadre d'une méditerranéité encore vivace.

Perdue au milieu des montagnes, isolée de toute civilisation ou presque, Djemila apparaissait brutalement au creux d'une vallée. La nudité aride des montagnes qui l'entouraient frappait l'imagination. Il n'y avait aucun arbre et la terre semblait ne porter aucun fruit. Mon Père m'expliquait alors que la forêt existait du temps des romains, mais qu'à l'abandon de ce lieu par sa population, petit à petit elle disparut, détruite par les troupeaux des bergers qui transitaient par là et dont les chèvres mangeaient les bourgeons terminaux des arbres et aussi par les autochtones eux-mêmes qui faisaient des cannes pour les aider dans leur long périple. Djemila était autrefois entourée de forêts, d'ormes principalement et comme me l'a dit un jour un garde des ruines de Dougga en Tunisie : "...on pouvait aller de Dougga à Djemila, à l'ombre"!!! Il y avait aussi des vignes, témoins d'une vie qui dût être riche et intense.

Un peu d'histoire

Entre la période si lointaine de la civilisation capsienne et la fondation de Djemila dont le nom était Cuicul, on ignore totalement ce qui se passa. Ce n'est que sous le règne de Nerva en 96-98 de notre ère que furent crées les premières villes Sitifis (Sétif), Cuicul (Djemila) et peut-être d'autres petites agglomérations. Djemila fût surtout une colonie de vétérans, colonie appelée "Nervienne" (ce qui prouve bien sa fondation par l'empereur Nerva) mais vers le milieu du IIè siècle apparurent des personnes venues de Cirta (Constantine) et de Carthage. Construite tout d'abord à l'intérieur d'une enceinte polygonale elle comporte des rues tracées avec régularité se disposant parallèlement à une grande voie dallée, tandis que d'autres rues transverses se recoupent. Au centre de la ville se trouve le forum, le capitole, la basilique judiciaire et le marché.

Disposée sur un éperon rocheux dans la vallée, elle dispose d' une évidente défense. Puis très vite la ville déborda de sa première enceinte et ne cessa de se transformer. La place dite des "Sévères" fut un des plus importants ouvrages, avec l'arc de Caracalla et une fontaine qui fut élevée pour la restauration d'adduction d'eau dans la ville. Les riches familles qui habitaient Cuicul, rivalisaient pout ajouter à leur paysage des édifices profanes et des basiliques chrétiennes puisque le christianisme y était implanté depuis longtemps, et le baptistère datant de la fin du IVè siècle nous le prouve bien encore. Edifice circulaire sa piscine hexagonale décorée de mosaïques accueillait le catéchumène pour y recevoir le baptême. L'épaisseur des murs est impressionnante et les les voûtes ont été restaurées. A côté du baptistère se trouvent deux grandes basiliques dont le sol était décoré de mosaïques dont on sait qu'elles ont été offertes par de généreux donateurs. D'après Paul-Albert Février, elles peuvent être datées de la fin du IVè siècle ou du début du Vè.

Ainsi dans Cuicul, on retrouvait, forum, autels de sacrifices, basiliques, maisons à péristyle, thermes, théâtre, c'est là toute la composition d'une véritable ville romaine. Mais n'est-elle pas aussi africaine? Elle est implantée selon un urbanisme semi-régulier et s'est adaptée au terrain.

Ce qui est assez original par rapport aux villes de Rome. Ses habitants n'étaient pas vraiment des Romains. Elle a été fondée par des éléments de l'armée et ces éléments venaient de toutes les régions du monde méditerranéen, d'Europe, d'Asie et d'Afrique, bien que les noms de ses habitants aient été presque tous romanisés. La promenade dans les ruines de Djemila est longue et fertile en découvertes. Il y est facile d'imaginer la vie de ses habitants, leurs occupations, leurs distractions. Les marchés sont ouverts et comportent encore les étals des marchands. On peut "entrer" dans les maisons, et en voir leurs pièces communes ou chambres particulères. On "voit" la foule sur le forum, ou pénétrant dans le temple, les chars passant sous l'arc de Caracalla...On y voit même les égouts si bien organisés. Le théâtre est superbe, adossé à la colline. La question simple qui se pose alors est de savoir pourquoi ces ruines? Comment cette civilisation a disparu?

Cuicul resta sous l'autorité romaine jusqu'à la fin du Vè siècle. En 533, au Concile de Constantinople avait été invité, l'évêque de Cuicul et cette présence montre que la ville reconnaît cette autorité; les soldats byzantins étaient déjà arrivés pour en prendre possession. Et cette date de 533 est la dernière que l'on connaisse de l'histoire de Cuicul. Il est certain que la vie ne s'est pas arrêtée d'un jour à l'autre dans la ville mais petit à les habitants désertèrent le lieu qui fut laissé à sa mort lente.

Le Musée

Le musée se composent de trois salles en R.D.C est implanté au sud de l'espace fouillé dans un bosquet d'arbres. Après avoir traversé un jardin (lapidaire) où sont rangés des inscriptions et de nombreux éléments architectoniques qui furent découverts à Djemila, on pénètre dans le musée proprement dit éclairé par des lanternaux vitrés dont les murs et le sol sont ornés de mosaiques découvertes dans certains édifices de la ville et reposées au musée. Il y a de toutes les sortes, depuis le simple tapis à motif géométriques jusqu'à la grande composition dant l'exécution se caractérise par une finesse et une harmonie de couleurs attribuant à l'oeuvre une valeur symbolique et artistique d'une dimension universelle. Les vitrines renferment de nombreux objets usuels, mobiliers, vaisselle, ustensiles, bijoux et des oeuvres d'art variés. Une belle collection de bronze, de lampes paiennes et chrétiennes, des stucs figurés et de nombreux autres documents archéologiques très importants pour l'étude de la société Cuiculitaine, et par extension pour découvrir et assimiler notre passée très riche en leçons tout en crétiquant ces trésors classés patrimoine de l'humanité dans le secteur économique à l'image des pays voisins. Photothèque des mosaiques Photothèque des ruines.

Bibliographie:

DJEMILA - Auteur: Paul-Albert Février - Edit. Ministère de l'Information et de la Culture - Alger 1971
NOCES - Albert Camus - Edit. NRF Gallimard - Paris 1958
AFRICA - Jacques HURÉ - Edit. Séguier Paris 2000

Par: Françoise Briès Bernard

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